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Prise de position du SSM sur le projet “Campus RTS”

La nécessité de construire un nouveau bâtiment pour héberger la Radio, dont le bâtiment n’est plus aux normes et d’ores et déjà vendu, n’est pas contestée.

En revanche, le SSM considère que – sous sa forme actuelle – le projet « Campus » est une erreur stratégique majeure de nature à mettre en péril l’avenir de la RTS.

En tant que syndicat représentatif du personnel de la SSR (et partant, de la RTS), le SSM est confronté à des mesures d’économie à hauteur de 100 millions ainsi qu’à de nombreux projets de réorganisation, qui vont impacter le personnel de manière durable.

Dans ce contexte, le SSM est légitimé à s’inquiéter des conséquences des investissements immobiliers de la SSR.

 

Maitrise des coûts

Le SSM estime que « Campus » contrevient dans plusieurs domaines aux principes qui doivent encadrer l’action d’une entreprise de média de service public.

Initialement devisé à un maximum de 90 millions de CHF, le projet atteignait déjà ce plafond au départ.

Aujourd’hui la direction souhaite développer de nouvelles autres activités sur ce site, augmentant son budget dédié de 20 millions de CHF, pour atteindre 110 millions. Soit plus que les 100 millions d’économies demandées à l’ensemble de la SSR sur la période 2019-2022.

La SSR doit à l’avenir relever de nombreux défis pour améliorer son offre auprès des jeunes, mais aussi des personnes issues de la migration et d’autres groupes sociaux[1].

Le SSM considère que la RTS devrait se développer plus raisonnablement, en privilégiant des solutions lui permettant de se rapprocher de ses différents publics.

Le SSM s’interroge sur la liberté que s’accorde ainsi la direction de la SSR dans la gestion de ses budgets pour réaliser un projet de prestige financé par la redevance.

 

Protection du personnel

Sans faire la démonstration d’une réelle plus-value sur le plan éditorial, ni d’une augmentation notable de ses performances, la direction a décidé du déménagement de l’ensemble du département de l’actualité et de ses magazines sur le site du « Campus RTS » à Ecublens.

Par rapport au projet initial, la direction de la RTS envisage ainsi de déplacer plus de 200 employé-e-s supplémentaires, sans concertation.

Une enquête interne du SSM démontre que ce déplacement à marche forcée aura un impact social considérable sur un personnel déjà fragilisé par la surcharge de travail et par la virulence de la récente campagne « no Billag ».

Le SSM considère que l’accroissement brutal de la pression sur le personnel n’entre pas dans le cadre d’une mission de service public.

 

Utilisation des ressources

La direction va engager une énergie et des ressources financières considérables pour assurer ce transfert. Celui-ci sera accompagné de très importants travaux additionnels, eux-mêmes précédés d’études coûteuses.

Pour sa part, le SSM estime que la RTS dispose aujourd’hui de suffisamment de locaux (auxquels il faut inclure l’indispensable déménagement de la radio dans un nouveau bâtiment).

Au lieu de s’engager dans des projets immobiliers prestigieux, le SSM considère que la RTS  devrait plutôt concentrer ses ressources limitées sur le développement de ses programmes originaux et sur une plus juste rétribution de son personnel.

Le SSM rappelle que les salaires sont aujourd’hui gelés à la RTS et que les programmes actuels fonctionnent sous enveloppe contrainte.

L’utilisation des ressources de la RTS pour le projet « Campus » a été examinée dans le cadre de la consultation du personnel – menée à la RTS au mois de janvier 2019 dans l’objectif de proposer des solutions alternatives permettant d’épargner l’emploi. La consultation a mis en évidence un potentiel d’économie sur les coûts de construction et les coûts d’entretien.

Extrait :

Constats architecturaux

Le projet Campus s’inscrit dans la modernisation de la RTS. Le bâtiment prévu sur le site de l’EPFL contientune clause architecturale liée à la mise à disposition du terrain, ce qui malheureusement oblige la RTS à construire un bâtiment « design » au détriment de son usage.

Le projet qui a été choisi par la RTS implique des contraintes liées aux choix architecturaux limitant défavorablement la modularité du bâtiment. Cette modularité est indispensable au bon fonctionnementd’une entreprise de média radio et TV qui doit perpétuellement adapter ses produits et donc les outilsde productions aux attentes de son public.

Les architectes consultés ont tous trouvé ce bâtiment intéressant du côté des jeux de volumes et donc du design, mais ils ne le trouvent pas écologique dans sa conception (trop de vitrages, trop grand volumes). Ils ont tout de suite mis en avant les surcoûts de construction (de l’ordre de 10%) de cebâtiment et des frais de fonctionnement (de l’ordre de 15%) qui vont en résulter (estimations nondocumentées qui nécessiteraient une étude plus approfondie). Ils relèvent également son manque de flexibilité.

 

Respect du fédéralisme helvétique

En centralisant ses activités les plus importantes (département de l’actualité) sur le seul site de « Campus », la RTS contrevient au principe de l’équilibre et de la répartition des activités des médias qui prévalait jusqu’alors dans notre pays.

Avec le regroupement de l’actualité à Ecublens, l’entreprise opèrerait de facto une concentration éditoriale au détriment de la diversité des points de vue. C’est pour ce motif qu’un projet similaire avait été combattu par les autorités des deux cantons lémaniques en 2009.

Comme la SSR au niveau national, la RTS s’éloigne du principe fédéraliste fondateur, auquel le SSM réaffirme son attachement, à l’image de nombre de représentant-e-s de la politique et de la société civile. 

 

Le SSM vous remercie d’avoir pris connaissance de sa prise de position et reste à votre disposition pour toute information complémentaire.

 

Secrétariat régional du SSM                                                 Secrétariat central du SSM                                                     

        Valérie Perrin                                                                         Jérôme Hayoz

 

 

[1]Rapport du Conseil fédéral sur le service public dans le domaine des médias, juin 2016